lundi 14 mars 2011

Quand le coeur est mécanique, les corps dansent.


Un théâtre. Une scène. Un public.
Il n'en faudra pas moins à la troupe ADT (Australian Dance Theatre) pour enflammer les planches du théâtre de La Rose Des Vents ce Jeudi 20 janvier dernier. Pour ceux qui n'ont aucune approche de la danse contemporaine, il serait néanmoins très judicieux d'assister un jour aux chorégraphies de Gary Stewart, ne serait-ce que pour les thèmes qu'il aborde. En effet, il concentre essentiellement sa danse sur une question tout à fait existentielle, à savoir : Qui suis-je ? Un homme libre de ses mouvements ou, au contraire, un homme influencé profondémment par les mécanismes qui l'entourent ? C'est pour nous orienter vers l'une ou l'autre des réponses que les huit acteurs/danseurs de la troupe ne possèdent plus que des corps décomposés pendant 1h10. Le corps lui-même n'est pas seul à être désarticulé puisque les acteurs modifient également de manière très forte leur visage. Le choix d'avoir engagé des danseurs/acteurs n'est donc pas anodin.
Dès les premieres minutes du spectacle, nous remarquons que la sonorité y est très ancrée. A dire vrai, c'en devient presque le noyau central car sans paysage sonore, les mouvements seraient rendus tout à fait dérisoires. Cependant, le bruit possède différents visages. Il peut être une succession de bruits sacadés ou forts, de la musique lancinante ou douce, ou encore la représentation sonore d'une ville en travaux avec ses marteaux-piqueurs, par exemple. La sonorité peut également passer par des cris comme c'est le cas à de très nombreuses reprises puisque les danseurs expriment aussi leurs ressentiments, ce qui est assez inovant dans un spectacle de danse : Ils pleurent, crient et rient. Le fond sonore peut être réellement dérangeant à certains moments comme dans le passage où les huit danseurs marchent en file indienne tout en ayant des gestes très robotisés. Nous, spectateurs, avons l'impression que cette scène est interminable tant elle est lourde en bruitages. La lumière, quant à elle, est également primordiale car elle s'accorde aussi bien avec la musique qu'avec les mouvements des danseurs.
Parlons à présent de la voix féminine. Au début du spectacle, nous avons à faire à une femme tenant un discours anglophone et relantant d'une sorte de bilan du monde humain et non-humain. On nous fait une description scientifique de l'homme, de la nature, on parle de virus... On nous donne des chiffres, on nous perd complètement. Cette femme réapparaît à plusieurs reprises et fait respirer le spectacle à certain moment où il devient trop bruyant.
Parallèlement à cela, les différentes étapes de la vie sont des thèmes très récurrents, que ce soit la naissance, la sexualité ou même la mort. Il y a beaucoup de connotations sexuelles et elles passent notamment par le mannequin blanc qui sert d'objet sexuel, ou encore par la vision de corps nus, qu'on a notamment l'occasion de voir sur une sorte de grand mur servant également à la projection vidéo. De même, en ce qui concerne la sexualité, elle est rendue visible dans son sens le plus global par le fait qu'en début de représentation, ces hommes et femmes portent tous une tunique blanche alors qu'à la fin, leurs propres jambes y sont dessinées. Plus généralement, le sexe auquel ils appartiennent est désormais défini. Chacun retrouve donc sa propre identité sexuelle.
Pour conclure, BeYourSelf est un spectacle assez fascinant parce-qu'il traite de sujets tout à fait inédits dans les spectacles de danse : La conscience, le moi, l'Etre, le paraître... De même que nous pouvons saluer la qualité technique des danseurs qui est tout simplement brillante. Bémol résidant cependant dans la musique qui est parfois trop lourde et trop oppressante. De plus, le spectacle gagnerait tout de même à être écourté même si il faut avouer que BeYourSelf reste une petite perle de la danse contemporaine.

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