Jan Fabre nous emmène directement dans un voyage bouleversant entre la vie et la mort. Il met en scène dans ce nouveau spectacle la beauté morbide d’ « une préparation à la mort ». La danseuse Annabelle Chambon interprète à la fois le rôle d’un cadavre agonisant et d’un fœtus. C’est avec « Préparatio Mortis » que le metteur en scène et chorégraphe inaugure le festival « Next » au théâtre de la Rose Des Vents. Il tente alors de nous dessiner la puissance des sentiments que procure la vie puis la mort.
La salle est plongée dans le noir. Perdant la vue, je respire, j’écoute. Un doux parfum de fleur me frôle les narines, une musique d’orgue résonne et rend l’atmosphère étrange et glaciale. Long moment ou l’on se demande quel sort nous réserve ce spectacle. Puis, on distingue un faisceau de lumière sur un mont fleurit, il respire et ondule. Une main est en train d’éclore sous la couche végétale. La danseuse Annabelle Chambon est alors allongée sur un cercueil, elle tente de s’extirper et glisse sur la couche de fleurs pour atteindre le sol. Je pense aux contes de mon enfance, comme une princesse endormie, le fantôme de Blanche neige s’éveille doucement.
Après l’éveil de la danseuse, commence alors une danse macabre. Elle court, elle détruit le tapis fleuris. Elle le jette, l’arrache, le respire. Le corps d’Annabelle Chambon semble alors être possédé. Elle tente d’embrasser la mort, elle chevauche le tapis de fleurs et le possède, elle s’imprègne et frotte les fleurs sur sa peau. C’est une Eve bouleversée par la triste réalité. Elle a croqué la pomme et sera destinée à vivre dans un monde infernal, elle devra vivre mais aussi mourir.
Noir. Je me remets doucement de cette transe. Lumière. Le même cercueil est cette fois éclairé d’un bleu étrange, Annabelle Chambon est enfermée à l’intérieur. Elle semble être devenue un fœtus. Des papillons frôlent son corps nu. Ils ne vivront qu’une journée, Fabre dévoile cette mince barrière entre la vie et la mort. On peut vivre mais on est aussi condamné à mourir. Annabelle Chambon a dansé avec la mort, elle jouit cette fois de la vie. Je pense à la dernière image du « cinquième élément » de Luc Besson. Les deux amants enfermés dans ce tube qui forment le dernier élément, ils créent la vie. La danseuse, elle, dessine le commencement d’une vie sur les parois du cercueil transparent. On finit ce spectacle dans un dernier ou premier cri, une plainte interminable entre la vie et la mort.
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