Grégoire
Duez
AS3
The
Voices
Marjane Satrapi
( 2015 )
Après
avoir conquis les foules au cinéma en 2007 avec l'adaptation
cinématographique de sa propre bande dessinée Persepolis, Marjane
Satrapi, illustre icône iranienne, nous prouve une fois de plus ses
talents de cinéaste avec un film qui fait table rase de ses
anciennes productions et de son histoire personnelle.
Oubliez tout ce qui faisait le charme de Persepolis et de Poulet aux prunes : dans The Voices, la cinéaste signe un virulent conte macabre dont la mise en scène mélange habilement l'humour noir de Quentin Tarantino et la fantaisie satyrique de Tim Burton.
Que l'on accroche ou non à la comédie horrifique, la toute nouvelle patte artistique de la réalisatrice primée à de nombreuses reprises en France et à l'international en surprendra plus d’un.
Oubliez tout ce qui faisait le charme de Persepolis et de Poulet aux prunes : dans The Voices, la cinéaste signe un virulent conte macabre dont la mise en scène mélange habilement l'humour noir de Quentin Tarantino et la fantaisie satyrique de Tim Burton.
Que l'on accroche ou non à la comédie horrifique, la toute nouvelle patte artistique de la réalisatrice primée à de nombreuses reprises en France et à l'international en surprendra plus d’un.
Le
décor fictif du film se place dans une petite ville perdue des
États-Unis, où tout y est merveilleux, charmant et coloré. Jerry
est un employé simplet mais enchanteur travaillant dans une usine
faisant tourner la région.
Comme
l’indique le titre, le pauvre garçon est aux prises avec des voix
imaginaires avec lesquelles il dialogue et qui vont l’entraîner
dans de bien sombres turpitudes.
Parmi
ces voix, on retrouve celles de ses compagnons de logis :
M.
moustache un chat tigré à la figure démoniaque qui n'a de cesse
de pousser Jerry au meurtre, et son chien, Bosco, personnification
canine de la bonté et de la générosité dans toute sa splendeur.
Dans
cet univers coloré et berceur, Jerry se voit sans cesse tourmenté
par sa splendide collègue de bureau Fiona dont il est éperdument
amoureux.
Épris
de cette dernière, l'amoureux transi provoquera malgré lui la mort
de Fiona et, n’écoutant pas les meilleurs conseils apportés par
ces voix qui l'assaillent, ne cessera d'accumuler les meurtres et
têtes décapitées de ses victimes dans son frigo.
Le
regard émerveillé et illusoire que porte Jerry sur le monde qui
l’entoure est la conséquence d'un lourd traitement médical qu'il
refuse de suivre afin de fuir une réalité abrupte qu'il tente de
fuir par dessus tout, celle-ci lui rappelant un ténébreux passé.
Incarné
par l'acteur de renommée Ryan
Reynolds, vedette
à Hollywood depuis sa prestation en super héros dans le film Green
Lantern en
2011, l’acteur américain se prête au jeu peu aisé que lui
propose Marjane
Satrapi et
qui a le don d'embarquer les spectateurs dès les premières minutes
du film.
Si
le déroulement peut paraître morbide au premier coup d’œil, le
film adopte une vision séduisante et tordante des malheurs de son
protagoniste. La cinéaste cherche à désamorcer le caractère
dramatique de son récit par le biais de l'humour sans pour autant le
délaisser. Nous sommes en face d'un film parfaitement bien dosé
entre frayeurs et fous rires.
Les
thèmes de la maladie mentale et de la schizophrénie étant des
sujet délicats à traiter, il faut bien reconnaître que dans The
Voices,
la matière scénaristique est tournée en dérision par une certaine
satyre à l'origine même de l'aura du film. M. Moustache est un
drôle de chat... En fait, c'est plutôt le diable, le démon
démoniaque qui réside en chacun de nous, alors que Bosco le chien
est la figure même de la générosité grossière.
Il
va de soi que certains resteront littéralement sans voix devant 2
heures de film alors que d'autres, moins friands, s'en iront et
crieront au scandale.
Quoi
qu'il en soit, cette comédie sombre et sanglante au ton aussi
désinvolte que son regard sur la psychologie parvient à devenir
fascinante.
Reynolds
surprend
par sa capacité à jouer en simultané un personnage en détresse
face à une réalité qu’il refuse, tout en le rendant drôle et
attachant.
Le
reste du casting est certes assez commun mais tient la route dans son
ensemble. La prestation de l'actrice britannique Gemma Anterton dans
le rôle de Fiona est toujours aussi efficace.
Mais
la force majeure de The
Voices
réside dans son intrigue à la fois sérieuse et décousue, sachant
passer en un plan du rire à l'angoisse.
Le
film parvient en 2 heures à se renouveler sans cesse alors que le
récit enchaîne les mêmes cycles : intrigues sentimentales,
puis meurtres.
Un
véritable cyclone émotionnel qui se termine avec un générique de
fin hallucinant, à la limite du hors sujet, mais nous laissant en
tête une image tellement fun une fois sorti de la salle qu'il est
difficile d'en ressortir indifférent.
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