J’avais déjà vu l’affiche du film Le Conte de la Princesse Kaguya mais c’est seulement lorsqu’une amie me l’a conseillé que j’ai décidé d’aller le voir. Cela a été une expérience cinématographique inédite dans ma vie. Premièrement, parce qu’il n’y avait que trois personnes – moi y compris – dans une immense salle de cinéma. N’ayant personne placé devant moi et étant assis à la rangée du milieu juste en face de l’écran, j’avais véritablement l’impression d’être seul dans la salle et que le film était projeté exclusivement pour moi. La version française m’a chagriné au départ, j’aurais préféré voir la version originale, mais le doublage s’est révélé correct, supérieur ce que l’on peut entendre d’habitude et la beauté du film m’a aidé à passer outre. L’histoire est reprise d’un vieux conte japonais, à la fois simple et poétique. Malgré la simplicité de l’intrigue, la palette d’émotions abordée est d’une grande richesse. On suit les personnages principaux sur une longue période de temps, on partage un bout de trajectoire existentielle avec eux, si bien que l’on s’attache à eux et que l’on se laisse prendre par les émotions qu’ils traversent. L’amie qui m’a recommandé le film a décrit le film comme « un torrent lacrymal », aspect que l’on ne peut nier. Cependant, j’ai trouvé que les sentiments étaient abordés avec une grande justesse de ton.
Graphiquement,
Isao Takahata (Le Tombeau des Lucioles, Mes voisins les Yamada)
signe ici un petit bijou d’animation. Le film est entièrement composé d’aquarelles et on peut
voir la matière, le papier à l’écran. Le tracé des dessins suit la tension
dramatique de l’intrigue, se faisant tour à tour violent ou délicat en fonction
de la scène montrée à l’écran. La forme sert le fond et le fait avec une grande
harmonie. La musique tient aussi une place importante dans le film. C’est Joe
Hiraishi, qui a travaillé à de nombreuses reprises avec Hayao Miyazaki qui a
signé la musique de Kaguya. Hormis un morceau qui m’a déplu, la bande
originale est vraiment magnifique. Aussi féérique que le film, elle est également
empreinte d’une large palette d’émotions et pourrait mener une existence
indépendante vis-à-vis du film, tant la musique se suffit à elle-même. Le
Conte de la Princesse Kaguya est un petit chef d’œuvre d’animation, plein
de poésie et de féérie, qui nous emporte loin dès le début et dont on ressort ému
à la fin.
Yves
Chalon, AS3
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