Dark, dark, dark. Dark.
Buried, Shlohmo (2015)
Après 49 secondes, on respire. Buried, de Shlohmo, l’artiste de Los Angeles qui frappe à coup de ambiant électronique. Il nous attrape au vol, et enterre nos chevilles l’instant de sa chanson. On est happé par les nappes sonores qui s’enchainent les unes après les autres. Le mélange de sonorités lourdes, darks et de rythmiques battues créent une symbiose marquante. Buried nous enfonce durant sa temporalité dans les méandres de notre vie, nous arrête de notre ritournelle infernale.
A 4 minutes, après nous avoir laissé le temps de nous recentrer, il nous lâche, l’air de rien, dans un air enfin respirable. L’air de rien, il nous propulse au devant de nous et de tout ceux qui écoutent sans relâche, ne comprenant pas ce qu’il est en train de se produire. À 4 minutes, on prend le contrôle non pas de l’objet écouté, mais de l’effet que produit l’objet sur nous, sujet. C’est presque l’expérience du sublime, quand ce que l’on voit, écoute, sens, touche est plus fort que nos sens, quand nous ne pouvons pas cognifier nos sensations, et que c’est seulement par l’intellectualisation de l’effet produit que nous redevenons humain. Shlohmo exerce sur nous une sorte d’hypnose. Dans nos têtes se forment des cercles infinis, où tout se répète sans jamais se renouveler exactement, par l’ajout de sons non identifiables, par l’ajout d’émotions jamais assez perçues.
Parfaitement maitrisée techniquement et narrativement, Shlohmo fait part de tout son savoir-faire, et de sa sensibilité. Il propose son langage à lui, et sans résister, nous plongeons avec lui dans son univers.
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