Dans ce théâtre de corps,
l’esprit de Ionesco inspire les chorégraphes Pietragalla et Derouault, incarnant deux personnages fictifs qui sortent de la
tête de l’auteur et qui créer leur propre univers, un univers qui se veut
poétique, insolite, bizarre et drôle. Très rapidement, on se laisse transporter
avec émotions dans le tourbillon d’une danse très expressive et théâtrale où le
rêve, l’imagination et l’énergie sont au centre de la représentation. Si les personnages se perdent dans leur monde et fuient leurs
conditions de personnages imaginaires, le spectateur, lui, n’a guère de mal à
se plonger dans ce rêve illusoire pendant 1h25. Le langage incohérent et les
gestes répétitifs du quotidien, vident de sens coordonnent parfaitement avec le
thème de l’absurdité qui émerge du
théâtre de Ionesco. Comme dans sa pièce « Rhinocéros », les danseurs
sont aussi les victimes d’une rhino cérite et se font embrigader dans la danse
des rhinocéros.
La représentation doit
beaucoup d’une part à la création sonore, la musique électronique de Laurent
Garnier qui fusionne parfaitement avec les mouvements robotiques répétés par
les danseurs, et d’autre part à
l’animation 3D de l’entreprise Dassault système, avec qui ils se sont associés.
La scénographie 3D donne naissance à un troisième personnage représentant une
image immersive, donnant à voir l’imaginaire de Ionesco, basé sur la
technologie virtuelle. De plus, comme les deux danseurs, elle invite le spectateur
à s’insérer dedans où l’interaction est très inspirante et apporte un aspect
magique, presque surréaliste. La beauté
des images 3D valorise les danseurs dans chacun de leurs mouvements et nous
emporte dans un monde ou le réel devient une irréalité virtuelle.
On a vraiment l’impression de
regarder un film d’animation avec des personnages réels qui entrent et sortent
de l’écran, comme une mise en abyme au cinéma, à la Buster Keaton dans « Sherlock Junior ». Cela
n’est donc pas étonnant qu’ils aient choisi de se produire sur la grande scène du Grand
Rex. L’idée de mettre la technologie au service de l’art rend le spectacle
unique dans sa création artistique et apporte une valeur au monde de la culture
où la maîtrise de l’ingénierie d’un projet culturel conduit à l’innovation. Le spectateur est immergé par
l’histoire gestuelle que nous raconte le couple, en interagissant avec les images projetées,
toujours plus spectaculaires les unes que les autres et où la problématique du
réel disparaît au profit d’un monde d’évasion.
Jeanne Fasquel AS3
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