“The Culture of Fear: An Invention of Evil #1” (2013)
Si quelqu’un
me demandait une
définition de
l’Art, je
parlerais du
laboratoire transculturel
de Jean-Jacques
Lebel et
Kader Attia,
et si l’on
me demande de
mettre une
œuvre en
valeur, alors
je choisis « The
Culture of
Fear : An
Invention of
Evil »
d’Attia. C’est
au cœur de
ce laboratoire que
je me suis
perdue entre
ces austères étagères
au service des
publications qui,
depuis plus
d’un siècle,
fabriquent l’image
de l’Autre
comme une
entité à
craindre, violente
et belliqueuse, « le
Satan, le
Sauvage, le
Terroriste. »
Les publications
(journaux, livres,
magazines...) sont
classifiées, à
la façon des
européens, comme
des épisodes clos
de l’histoire.
Nous y
retrouvons des
textes sur
Al Qaeda, ou
le 11 septembre, ou
sur la guerre
de manière plus
générale, d’où
ressortent deux
définitions majeures :
la guerre est
une attaque d’un
riche à
un pauvre ; le
terrorisme est
la réponse de
ce dernier. Attia
présente un
travail sur
la mémoire, le
déracinement et
l’enracinement,
le traumatisme, l’exil
et le métissage.
Il met l’accent
sur les mécanismes
de la peur
et de l’impact
de celle-ci
sur le plan
politique. Si
bien l’accrochage
des publications
sur les étagères
est plutôt aéré,
les volumes sont
d’une lourdeur
immesurable ; ces
pages de
l’Histoire fabriquées
dans et
par les médias
dominants deviennent
oppressantes, la
remise en
question s’impose.
C’est
un travail qui
frappe, qui choque,
mais par-dessus
tout qui construit.
Par la déconstruction
de la culture
de la peur,
l’artiste oblige
à démultiplier les
regards et à
ouvrir des nouveaux
horizons sur cette
peur et sur
la violence qui
règnent dans nos
sociétés. Cependant, beaucoup d’étagères sont encore
vides, laissant la place
au spectateur pour
écrire la prochaine
page de l’Histoire.
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