vendredi 20 avril 2018

The Culture of Fear: An Invention of Evil

The Culture of Fear: An Invention of Evil #1” (2013)


Si quelquun me demandait une définition de lArt, je parlerais du laboratoire transculturel de Jean-Jacques Lebel et Kader Attia, et si lon me demande de mettre une œuvre en valeur, alors je choisis « The Culture of Fear : An Invention of Evil » dAttia. Cest au cœur de ce laboratoire que je me suis perdue entre ces austères étagères au service des publications qui, depuis plus dun siècle, fabriquent limage de lAutre comme une entité à craindre, violente et belliqueuse, « le Satan, le Sauvage, le Terroriste. »

Les publications (journaux, livres, magazines...) sont classifiées, à la façon des européens, comme des épisodes clos de lhistoire. Nous y retrouvons des textes sur Al Qaeda, ou le 11 septembre, ou sur la guerre de manière plus générale, d ressortent deux définitions majeures : la guerre est une attaque dun riche à un pauvre ; le terrorisme est la réponse de ce dernier. Attia présente un travail sur la mémoire, le déracinement et lenracinement, le traumatisme, lexil et le métissage. Il met laccent sur les mécanismes de la peur et de limpact de celle-ci sur le plan politique. Si bien laccrochage des publications sur les étagères est plutôt aéré, les volumes sont dune lourdeur immesurable ; ces pages de lHistoire fabriquées dans et par les médias dominants deviennent oppressantes, la remise en question simpose.

      Cest un travail qui frappe, qui choque, mais par-dessus tout qui construit. Par la déconstruction de la culture de la peur, lartiste oblige à démultiplier les regards et à ouvrir des nouveaux horizons sur cette peur et sur la violence qui règnent dans nos sociétés. Cependant, beaucoup détagères sont encore vides, laissant la place au spectateur pour écrire la prochaine page de lHistoire.




Laura Villar Fernández 

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