Jan Fabre artiste belge protéiforme nous offre un spectacle sensoriel époustouflant. Nos sens sont en éveil dès le prélude plongeant le spectateur dans l’obscurité la plus profonde, accompagné d’une musique d’orgue transcendante de Bernard Foccroulle. L’olfactif n’est pas laissé pour compte, puisque petit à petit nous sentons la présence en grand nombres de fleurs. Cette odeur imbibe et envahit la salle. Rares sont les artistes qui produisent des « spectacles olfactifs» d’une telle puissance. Et lorsque la lumière revient c’est un tapis de fleurs qui s’étend devant nos yeux.
Les amateurs de Jan Fabre, seront une nouvelle fois déroutés par le metteur en scène belge, qui jouant sur la pulsion de vie et la pulsion de mort fait comme (re)naître la danseuse Annabelle Chambon. Ce tapis de fleurs, coloré, marque de lent mouvement de respiration, puis laisse apparaître une main, un bras et enfin un corps entier qui vient se mouvoir sur scène. C’est alors que la danseuse éprouve de nouveau ou découvre, pour la première fois, les premières expériences de la vie. En occupant l’espace scénique en entier elle nous offre une performance étonnante.
L’obscurité ressurgit toujours accompagnée d’une musique d’orgue pour une seconde fois, quelques applaudissements se font entendre, cependant ce n’est pas la fin du spectacle, le plus beau reste à venir. La lumière revient après ces quelques minutes intenses pour le spectateur privé de la vue. Le corps de la danseuse est enfermé dans une boîte, un cercueil, où elle continue de se mouvoir. Un moment de grâce, comme ceux que recherchait tant Kleist dans son théâtre de marionnette. Des papillons viennent voler autour d’elle, son esprit s’échappe peu à peu, pour enfin laisser ce corps sans vie.
Tel un Roméo Castellucci, un Pippo Delbono ou un Rodrigo Garcia, Jan Fabre nous offre un voyage des sens, entre la vie et la mort. Pour Delbono qui travailla un temps avec la danseuse Pina Bausch, il faut penser « Un spectacle, comme un rite, une expérience qui court toujours en suspens, une expérience extraordinaire qui nous met en relation avec le mystère. »Tout comme ces metteurs en scène il ne laisse pas le spectateur paisible, il met ses émotions à nu, le fait réfléchir, s’interroger sur la vie, la mort.
Cependant c’est avant tout de danse dont il s’agit et non de théâtre. Jan Fabre sonde par la danse la dimension physique et spirituelle du corps d’Annabelle Chambon. A la sortie, les avis sont partagés sur ce spectacle considéré pour la plupart comme l’une des meilleures réalisations de l’artiste belge. Que l’on aime ou pas, il ne vous laisse pas de marbre.
" Preparatio Mortis " de Jan Fabre.
Deffrennes Kevin AS3
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