Spectacle "Be your self" de Garry Stewart
Qu'est-ce qu'un être humain ? C'est à cette question que tente de répondre le spectacle "Be your self" en adoptant une démarche quasi scientifique.
Cette chorégraphie opère donc comme une véritable dissection du corps et de l'esprit et offre un résultat plutôt intéressant bien qu'assez déroutant.
Garry Stewart cherche ici à mettre en avant la question de l'identité ainsi que le dualisme groupe/individu. Il y parvient avec brio en cultivant les différences entre les danseurs de l'Australian Dance Theatre et sublimant leurs spécificités, ne cherchant pas, par exemple, à les masquer derrière des "uniformes" qui tiennent lieu de costumes, comme c'est trop souvent le cas dans les ballets classiques notamment. On parvient ainsi parfaitement à identifier chaque individu et ses caractéristiques propres tout en percevant l'unité du groupe.
La pluridisciplinarité est une autre force du chorégraphe australien et de ce spectacle en particulier. Celui-ci mêle en effet danse, arts visuels ainsi qu'une très grande théâtralité pour un rendu tout à fait cohérent. Bien sûr on ne peux plus aujourd'hui parler ici d'originalité puisque cet aspect est de plus en plus exploité par des metteurs en scène contemporains comme Bob Wilson ou encore Roméo Castellucci. Mais Garry Stewart va plus loin puisque cette diversification se retrouve jusque dans le travail des danseurs formés aussi bien à la danse contemporaine, qu'au classique mais également à l'improvisation ou encore au yoga, le tout leur procurant une dextérité, une précision et une justesse remarquables.
Cependant cette cohérence est ébranlée par différents éléments quelque peu déroutants. Ainsi on assiste à un mélange de poésie et d'agressivité plus ou moins bien dosé. Ce spectacle affiche une forte nervosité parfois violente dans la mise en scène, principalement par les jeux de sons et lumières extrêmement agressifs jusqu'à en devenir lassant. Mais cet aspect est vite contrebalancé par des tableaux d'une grande poésie et esthétiquement très recherchés plongeant au final le spectateur dans une certaine confusion.
D'autre part on peut regretter un traitement trop important du caractère mécanique du corps humain, qui, bien que très juste et intéressant, met de côté son aspect aléatoire et imprévisible. Car l'identité et l'individualité, chères à Garry Stewart, ne résident-t-elles pas justement dans cette contingence ?
Camille NICOLLE
AS1
samedi 26 février 2011
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