En ouverture de l’édition 2010 du Festival Next à Villeneuve d’Ascq, le très controversé Jan Fabre nous invite à découvrir son nouveau solo de danse, Preparatio Mortis. Artiste polymorphe, on le connaît dessinateur, sculpteur, Jan Fabre est avant tout metteur en scène et chorégraphe. Expérimenté lors du Festival d’Avignon en 2005, alors que le metteur en scène belge est l’artiste associé au festival, Preparatio Mortis est un hommage à la vie, pour ne pas citer l’œuvre de Jules Supervielle.
Le spectateur n’est pas encore confortablement installé que son sens olfactif se met en émoi, une odeur de fleurs fraichement coupées parcoure la salle, qui va très vite s’avérer éprouvante pour les narines. Une fois assis et toujours dans le noir le plus complet, c’est cette fois le sens auditif qui est sollicité. En effet, une magnifique composition d’orgue signée Bernard Foccroulle vous prend instantanément aux tripes pendant de longues minutes. Enfin, la lumière nous ouvre les yeux sur une sépulture de fleurs dont va progressivement sortir la jeune Annabelle Chambon, uniquement vêtue de sous-vêtements, telle une résurrection.
La véritable performance commence alors vraiment, la jeune femme reprend petit à petit goût à la vie et s’exprime par la grâce de son corps. Toutefois ses mouvements se font de plus en plus violents et saccadés comme si la mort était inévitable. Une violence annonciatrice de la deuxième partie du spectacle, dans laquelle on retrouve la jeune femme entièrement nue dans une pierre tombale. La chorégraphie continue dans un espace qui étouffe et oppresse peu à peu la jeune femme, alors que ses derniers souffles recouvrent la vitre de buée.
« La mort nous amène à porter un autre regard sur la vie, un regard plus intense, plus complet » explique Jan Fabre. Toutefois, il est question ici d’une prise de conscience de la mort, le chorégraphe belge nous rappelle notre condition en tant que mortel plutôt que de nous montrer combien la vie est précieuse.
Preparatio Mortis laisse perplexe plus qu’il ne donne d’émotions. On ne reste certes pas indifférent devant le talent de cette jeune danseuse mais il ne suffit pas à faire oublier les doutes sur la véritable motivation de Jan Fabre.
Alexis Robaey, AS3
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