Présenté à la Rose des vents les 18, 19 et 20 Janvier, Be yourself propose une interrogation sur le "moi" par le biais de la danse. Pour ce spectacle, Garry Stewart - chorégraphe et directeur de l’Australian dance Theater - nous offre une prestation traversée par une multitude de champs artistiques. Danse contemporaine et classique, musique, vidéos, architecture et théâtre s’y mêlent pour une quête du « moi », en soulevant la complexité d’Être. Et cette diversité se retrouve également chez les danseurs : aucun standard n’est mis en avant, chaque morphologie, origine ethnique est respectée, valorisée. Premier signe que le « moi » n’est guère un élément commun, mais bien propre à chacun. Entre rythmes et mouvements, informations scientifiques et expression du visage, tout est mis est œuvre afin d’appréhender sa propre personne. Une exploration des sens qui tente de répondre à une interrogation universelle : Qui suis-je ?
Dans un premier acte, les huit danseurs de l’Australian Dance Theater se prêtent à l’expérience du corps machine. Leurs mouvements sont en effet saccadés, décomposés. On observe une mécanique, rythmée par une musique qui n’est pas sans rappeler une porte qui grince, les bruits d’un moteur de voiture en marche. Et tout passe par cette mécanisation, même les relations humaines n’y échappent pas. On pourrait ainsi croire que La parade amoureuse de l’artiste dadaïste Picabia prend vie sous nos yeux. Ces danseurs et leurs mouvements semblent bien s’inscrire dans la société hautement technologique dont nous sommes contemporains, où production et rentabilité règnent en maître. On relève ainsi une interrogation sous-jacente, quelle place accorder à la forme et à la fonction du corps dans la société actuelle ?
La seconde partie du spectacle propose une approche plus poétique et sensible, moins nerveuse que la précédente. Les émotions sont ici disséquées, notamment grâce au discours d’une comédienne, qui nous apporte de nombreuses informations scientifiques venant expliquer leur déclenchement. Puis les corps se mêlent, dans une gestuelle plus douce, grâce à la mise en place d’un impressionnant mur blanc, dispositif scénique amovible, permettant l’apparition de nouvelles entités inédites. Cela invite à penser que trouver son « moi » passe également par la connaissance et la relation que l’on peut avoir avec autrui.
Be Yourself est avant tout une mise en scène épatante : l’œil est sans cesse sollicité, l’oreille assujettie à nombre de bruits (au point d’en être parfois dérangeant), et la performance des danseurs est la preuve d’une condition physique exceptionnelle. Relevant plus du spectacle que d’une simple prestation, Garry Stewart réussit avec brio son pari dans la recherche du moi et de son expression corporelle. Car il me semble difficile de ressortir de la salle sans se demander, à son tour, "Qui suis-je réellement? ".
Capucine CRÔNE, MCC3
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