Cette oeuvre comporte 32 boites de conserve car elle symbolise les environ 32 personnes nécessitées pour designer un packaging.
Chacune est différente en s’approchant, cela parle aussi sans doute de nous individus qui composons cette société qui tend toujours plus à se conformer, s’uniformiser, on veut tous ressembler à cette image parfaite qu’on nous vend à la publicité à la télévision et autres médias de masse.
Les boites paraissent identiques mais elles possèdent des détails différents, sous prétexte que cette soit disant « nouvelle version » apporterait un plus, avec l'inscription : « peut aussi s’appliquer en tant que sauce », on doit l’acheter celle-là aussi !
C’est presque de la propagande, de la manipulation pour vendre plus.
On va acheter la nouvelle soupe pour acheter, avoir, on est séduits par la pub.
La mère de Warhol fabriquait des fleurs à partir de ces boites, elle fabriquait de la beauté à partir de rien.
« I want to paint nothing I was looking for something that was the essence of nothing and that was » a déclaré Andy Warhol.
Il peint alors ici le néant de la culture pop qui prend une raisonnance particulière de nos jours.
Il utilise un procédé semi-sérigraphique, la machine qui est une révolution dans l’art pour montrer l’industrialisation par ses propres procédés; la multiplication, les couleurs criardes pop avec une idée de superficialité dans le pop art : reflet de la société de l’époque avec la pub en pleine expansion dans les années 60 et d’autant plus aujourd’hui.
Andy Warhol de son vrai nom Andrew Warhola a commencé après des études d’art comme illustrateur de pub reconnu.
A l’époque fin des 60s, on ne comprenait pas en quoi c’était de l’art on avait un avis établi sur ce qu’est l’art.
Ce qui fait polémique c’est quand l’argent entre en jeu dans l’art en moyenne 50 Millions de dollars pour une de ses oeuvres.
Le pop art apporte de la légèreté, va influencer les nouveaux réalistes sur les thèmes notamment de critique de la publicité.
Les soupes sont montrées pour la 1ère fois à Los Angeles en 1962.
A l’origine, exposées comme des produits au supermarché sur une lignée où l’on choisit avec un effet de répétition qui l’évoque.
Elles semblent identiques mais peintes en partie à la main et toutes différentes quand on s’approche.
Il part de son expérience personnelle, il en a mangé pendant 20 ans.
Les soupes font partie du quotidien de sa mère dans ces années-là.
Ce qu’on y mettait n’était pas forcément sain, c’est industriel.
On achetait de la soupe froide congelée c’est "l’épidémie de la modernité".
Il utilise les images de la culture populaire.
« L’idée était de travailler comme ces usines, ascieries où il a grandi Pittsburg, produire tous les jours » comme en témoigne son neveux dans l’émission Stupéfiant.
D’où le nom de sa factory qui signifie usine.
Elles ne sont pas entièrement peintes à la main. Dans une interview il répond oui à tout comme pour satisfaire la volonté des gens et mettre en perspective leurs attentes :
si c’est fait à la main alors ils sont contents et c’est de l’art.
Mais ne devraient-ils pas plus questionner la notion d’art et aussi la notion d’artisanat, de production de ce qu’ils achètent? Achetons-nous un produit dont on a besoin ou une image étudiée pour nous faire croire à une fausse, éphémère et fumeuse histoire ?
Warhol souhaite prendre le contre pied, il nous dit ce qu’on croit être de l’art c’est codé.
Le pop art critique le concept d’art élitiste
Le pop art réside « dans l’attitude donnée à l’oeuvre plutôt que dans l’oeuvre » selon une définition connue.
Du coup, il utilise des choses existantes dans le quotidien, la vie de tous les jours et des gens de classe ouvrière qui n’ont pas forcément accès à l’art, en détourne les codes, l’art ce n’est pas ce que décident certains mais le message que l’on transmet.
Il destitue l’art tel qu’on l’enferme.
Dans l'émission télévisée Merv Griffin show Warhol se tait, ne veut pas parler au cas où les gens interpréteraient mal et ça resterait à vie.
Edie Sedgwick actrice et muse qui l'accompagne, parle pour lui, il lui souffle, un peu timide mais aussi peut-être pour émettre du mystère.
Comme s’il se met en scène et apporte une dérision et positionne l’artiste sur un piédestal, quelqu’un un peu ailleurs, qui ne peut pas communiquer sa pensée directement, sans intermédiaire ici à travers Edie Sedgwick sinon à travers l’art.
Il laisse les autres réagir, formuler une pensée sur son travail sans qu’il n’intervienne et au bout d’un certain temps de réflexion on atteint le but, on se sent plus intelligent comme si on accède à une vérité élitiste que l’on critique au début puis qu’on applaudit ensuite.
Comme s’il possède une vérité abstraite que l’on désire, un peu comme l'allégorie de la caverne de Platon.
Edie parle de la société, de la publicité et son effet qu’on ne reconnait pas.
Cette oeuvre est une satire sociale.
Quand je l’ai vue au Moma en vrai je me suis sentie privilégiée, c’est une oeuvre tellement évoquée, discutée, copiée, connue …
Elle provoque un effet de satisfaction, rareté, presque inaccessible bien que copiée, imitée, elle garde son aura et ce malgré aussi le sujet qui demande une multiplication et enlève l’unique tout comme ses sérigraphies qui ont pourtant toutes la même valeur monétaire estimée. Le nom reconnu de l’artiste, l’effet de la diffusion par les médias de masse, (effet mis en perspective dans le travail de Warhol). Il y a un fantasme autour de cette position d’artiste, même quand on ne comprend pas son travail.
Du coup on a l’impression d’être en contact avec de la préciosité.
Du coup on a l’impression d’être en contact avec de la préciosité.
Il y a un paradoxe entre la reproductibilité évidente de son oeuvre et par tous et l’aura qui en rayonne tout comme le paradoxe du consumérisme qui nous fait acheter toujours plus et pourtant la réponse résulte en nous : unique âme.
Avant je détestais les oeuvres de Warhol à cause des couleurs et des thèmes qui sont aujourd’hui banalisés.
Enfant, je n’y voyais que des couleurs agressives, moches.
Mais tout comme j’adore (d’une autre manière) Piet Mondrian depuis cette année et grâce aux cours qui nous permettent d’en assimiler le regard et sa compréhension du monde.
C’est d’une beauté ultime, la beauté essentielle, lui qui peint la nature, les sources de vie.
C’est désormais un de mes artistes préférés.
Et cette oeuvre de Warhol prend un sens révélé et libérateur et cela constitue sa beauté.
Comme pour beaucoup de chefs d’oeuvre, comme par exemple Melancholia de Lars Von Trier, c’est difficile à pénétrer, puis l’art éclos avec l’intérêt et la réflexion.
Je ne comprenais donc pas pleinement l’oeuvre d’Andy Warhol, bien représentative de l’art contemporain.
D’autant plus troublant avec le pop art car avec ces couleurs, ça semble attirer l’oeil, le séduire ou le révulser et traite des sujets redondants dans notre culture.
Il y a eu beaucoup de dérivés de ses oeuvres les plus connues les Marilyn … donc aussi un effet similaire à celui qu’il met en scène : la célébrité, les ventes en masse, la culture populaire basique qu’on réduit à l’illusion et au consumérisme.
De plus les gens n’accèdent pas à l’art en achetant les reproductions.
Car on le voit sans doute un peu comme quelque chose qui participe d’une élite : l’art,
mais on y inclut et perçoit ou ne cherche pas vraiment pourquoi, la démarche artistique qui n’est pas une esthétique, une simple apparence.
Et ce qu’il en reste dans l’esprit collectif non averti, non éduqué à l’art et particulièrement à l’art contemporain, il en reste des couleurs pop, une sorte de subversion éventuellement, une glorification de l’imagerie de la société actuelle et ses composantes mais justement pas ce qui est suggéré à travers cela.
En tout cas ce n’était pas mon cas, comme il participait de cette célébrité je ne pensais pas qu’il pouvait aussi la mettre en avant pour la mettre en question, je ne me penchais pas sur ce qu’il y a derrière le visuel : le perceptible.
Il y a une sensation effectivement qui est provoquée par les différents éléments :
le nombre, la multiplication, les couleurs, l’utilisation de la machine, l’imprimerie.
Mais il faut s’approcher, y accorder un temps de réflexion pour comprendre sa démarche qui à mon sens est essentielle, elle est un contre-pouvoir dans une société aux moeurs tenaces, aux apparences primordiales.
Où l’on accorde tel qu’il le prédisait une importance à : l’avoir et le paraitre.
Pour moi, l’industrie de la grande distribution de produits du quotidien, de la mode, pharmaceutique ont un caractère dangereux, nocif pour les individus qui constituent la société, pour la liberté d’action, l’indépendance d’esprit de chacun, le libre-arbitre !
Cela pose un problème éthique, moral et puis sanitaire avec les produits dont on peut douter de la constitution mais que l’on consomme aveuglément.
On est dans une société où l’argent pour les industriels compte plus que le bien-être, la santé, l’honnêteté, la bienveillance, le lien.
Et l’image pour le public est une obsession donc c’est un cercle vicieux.
C’est important à travers l’art, d’avoir un discours qui requestionne nos comportements et nos non actions, on se rend parfois victime ou passif.
Se libérer par la connaissance, la réflexion, l’exercice de la culture, la dimension de l’art.
Je suis sensible à cette question générale de dévoiler une vérité importante qui nous incite à nous protéger, nous défendre, choisir librement et surtout consciemment.
Et ici l'art nous montre l’emprise qu’a la publicité et qui ne va cesser d’augmenter dans la société matérialiste qui n’offre aux classes populaires dont est issu Warhol que la valeur de l’avoir (opposée à l’être).
L’art nous libère d’une valeur illusoire dans la surenchère et superficielle.
La consommation nous met dans un engrenage, un labyrinthe sans issue, elle nous enferme dans une vision vouée au malêtre.
Le pop art utilise les codes de la société dans laquelle il se situe, les révèle à l’oeil pour transmettre cette vision et laisser le choix aux gens d’agir en conséquence et nous interpeler nous, concernés par ces mêmes codes.
Il souhaite provoquer une réaction chez le spectateur, le réflecteur, pas juste dire voilà moi je vois quelque chose que vous ne percevez pas, non, il veut dénoncer cette emprise et entreprise.
-Il y a plusieurs individus, esprits pour créer une seule image qui doit être reconnaissable, c’est une création pour convaincre d’acheter.
Warhol le met en lumière, on peut penser qu’il dit : un groupe d’industriels nous vend une fausse image qui semble si naturelle, familière, faite à la main et est pourtant très élaborée comme va le définir Roland Barthes en 1964.
Il vient le signifier en utilisant la machine pour amplifier le coté industriel, froid, robotique.
-Il veut sans doute donner cette vision sous-estimée au plus grand nombre avec les codes qu’ils connaissent et pour mieux les subjectiver, partager ce savoir à travers une recherche artistique, une représentation visuelle se substituant à l’illusoire rôle visuel de ces boites de conserve (sensées nous combler).
Pour moi, il est important de transmettre en laissant son propre travail de réflexion au spectateur et Warhol le fait avec subtilité car le public a une démarche intellectuelle à effectuer aussi.
On ne le prend pas pour un imbécile, quand on nous donne toutes les clés on a tendance à mépriser le donneur qui s’installerait en prophète.
C’est une oeuvre majeure car elle vient perturber cet ordre imposé (l’industrie, la consommation comme réponse) en l’exposant dans un genre artistique qui reprend les codes populaires et donc s’adresse à tous.
Ce n’est pas forcément l’esthétique qui conquiert mais l’idée derrière.
Elle pose des questions, parle de la trajectoire d’une société et a d’autant plus d’écho aujourd’hui avec une confrontation entre deux extrêmes pas capable de nuance, de recul.
Cette oeuvre pose les questions de notre liberté face à l’image, de nos valeurs individuelles et sociétales, dans un groupe, de ce que l’on voit et ce que l’on perçoit, de ce qui est dit, vendu et ce qui est vrai, de l’humain et de la machine, du consumérisme, de l’avoir et de l’être, du bonheur etc …
C’est totalement le reflet de notre société d’aujourd’hui qui se fie à l’image diffusée et qui pense être apaisée en achetant, en essayant d’atteindre un idéal inaccessible.
Il y a toujours un nouveau produit qui promet votre bonheur.
Alors que le bonheur ne réside pas dans l’objet extérieur, la solution doit venir de soi.
Et l’art apporte à mon sens la connaissance qui pour moi apaise un peu, tout en posant ces questions que l’on s’efforce d’éviter et notamment derrière tout cela : notre condition humaine.
C’est un miroir de notre époque, aujourd’hui ça a aussi une consonance importante et grave avec le terrorisme qui peut en être issu. C’est un effet secondaire de la célébrité, la diffusion et vénération, le culte de l’image à travers les médias qui suscitent des vocations pour une reconnaissance, visibilité facile. Le culte de l’image venant aussi du travail de cette dernière par les industries pour vendre un produit. Vendre une image c’est ce qui mène au culte de l’image, de la célébrité.
Est-ce que notre vide de sens, notre addition, multiplication de vide en achetant toujours plus d’insignifiant, d’illusoire ne nous conduit pas à un plus grand vide intérieur que l’on croit à l’extrême combler ?
Cette série de mêmes produits peut nous renvoyer à l’image de l’homme même si ce n’est pas forcément dans la démarche mais l’art est plus étendu que l’intention de l’artiste et réside aussi dans l’oeil du receveur.
Le désir de monstration, montrer pour parler du fait qu’on montre, dans les médias l’iconicité religieuse est adaptée aux stars. La publicité, sa glorification de l’individu érigé en star comme un dieu peint sur une église et la place de l’image qui va bientôt dominer l’attention intellectuelle.
A l’ère numérique : « nous aurons tous notre quart d’heure de célébrité » Warhol.
Dans l'émission Stupéfiant : Bob Colacello son secrétaire particulier pendant 12 ans dit en substance « plus que toute autre chose les gens veulent être célèbre, il a senti que ça aurait une valeur supérieure, plus que l’argent, la religion. Les Kardashians, Trump président : leur plus grand accomplissement : être devenus célèbres. »
Leca Alexandrine - AS1
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