«Elle s’est appelée successivement Rachel, Monique, Szyndler, Calle, Pagliero, Gonthier, Sindler. Ma mère aimait qu’on parle d’elle. ». Voilà ce qui pourrait suffire à synthétiser l’œuvre de Sophie Calle. En habitant l’entresol du Palais de Tokyo, elle s’accapare ce lieu lugubre et en friche, en y apportant une note de douceur et de familiarité.
Sophie Calle n’est pas là pour parler d’elle, au contraire, elle se retire devant la personnalité surprenante et envoûtante de sa mère. « Morte le 15, à 15 heures », l’artiste, retrace le décès de celle-ci, comme une extériorisation de sa douleur de la perte d’un être cher. Un hommage à contre-courant du macabre, et du pervers, c’est un discours émouvant et intime sur l’amour d’une fille pour sa mère, dans lequel il nous est permis de nous immiscer. Des textes, des photos, des vidéos et des objets diverses sont clairsemés dans ces 9 000 m². C’est au visiteur de lever les yeux au ciel, de prêter attention aux détails et aux objets épars, s’il veut pouvoir reconstituer à la manière d’un puzzle, ce saisissant message d’amour maternel. L’aspect morbide et humide du lieu se retrouve amplement réhabilité par l’occupation intime de l’artiste.
Sophie Calle n’hésite pas à faire du Palais de Tokyo l’atelier de son échappatoire affectif. Elle fait parler les murs, les incorpore dans son histoire et leur donne vie. Ce geste d’art impudique traduit en réalité une mise à nu discrète et délicate de cette femme déconcertante. Bien plus qu’une simple exposition, l’instant crucial de toute une vie nous est narré. Sophie Calle nous parle de la mort avec ironie et espoir. On l’en ressort ému, touché, affecté, bouleversé, en bien ou en mal, mais dans tous les cas, on ne peut y être insensible.
Alice Alzon (prépa Celsa)
mercredi 12 janvier 2011
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