L’architecture de l’Absence, Francesca Piqueras, Galerie de l’Europe, 2011.
Alors que nous commencions à nous poser des questions sur la pertinence des oeuvres exposées par les galeries à l’Art Up en ce Jeudi 25 Février 2016, notre attention fut attirée vers le carré D500: la Galerie de l’Europe.
Parmi la série de photographies de Francesca Piqueras exposée ce jour là, l’une d’entre elles nous interpella plus particulièrement. Cette photographie, prise en format paysage et d’une taille légèrement plus grande que le format raisin, fut comme un appel à notre regard.
Face à elle nous ne pouvions nous tenir tout à fait au centre, non par le fait que nous étions deux mais par un cadrage légèrement décentré. Ce dernier fut déstabilisant notamment en raison de la présence d’une ligne droite au sol qui faisait écho à celle se trouvant en haut de l’arcade, et qui par conséquent empêche une symétrie parfaite. Mais alors pourquoi ce choix ? Peut être pour donner au spectateur une autre perspective, un autre sens à l’image.
En effet, l’artiste cherche à nous interroger, à nous pousser, à aller plus loin que le premier mur. En nous proposant un angle décalé, elle nous engage dans une vue qui n’est pas frontale mais perçante. Tout comme cette brèche, qui s’est faufilée au travers de la brique à force d’usure, à l’image d’un homme s’épuisant au travail. Elle serait alors la métaphore d’un écorché vif. Accentué par des morceaux de ferraille, auxquels à tout moment nous pourrions nous embrocher. Ce délabrement de la construction de l’homme désormais passée, trouve une seconde beauté dans sa décrépitude. Alors que ces murs sont tachés, rouillés, abimés, troués, ils font trace d’un passé de constructions monumentales leur épaisseur renvoyant à celle d’un bunker. Ces murs sont un passage que la photographe nous invite à traverser pour retracer les évolutions industrielles. A la manière d’Ilda et Bernd Becher, Francesca Piqueras s’attache à retranscrire le souvenir d’un passé industriel. Ce tunnel sombre, et oppressant renvoi à une angoisse propre à chacun de nous : notre trajet vers une mort certaine.
Avant d’arriver à cette funeste destination, les murs sont comme des étapes que chacun doit franchir tout au long de sa vie. Comme un pont qu’il faudrait traverser, la photographie nous rappelle le pont de Bir Hakeim à Paris, célèbre dans beaucoup de films pour son impression d’infini.
A l’instar d’un futur encore inconnu, rappelé par ce fond noir, la première façade, elle, semble éclairée d’un halo de lumière qui nous invite à avancer. Ne serait- ce pas un piège vers lequel nous nous dirigeons ? En effet nous nous trouvons dans une coque de bateau, découpée en cloisons étanches et pourtant déjà submergées d’eau, comme un compte à rebours de la fin de notre vie.
Dans cet espace vide, nous pouvons nous imaginer entendant le bruit des eaux se répandant dans la carcasse du bateau. Seule impression de vie à bord. Cette photographie à l’atmosphère fantomatique nous renvoie toujours à notre besoin humain de chercher de la présence là où il n’y a plus qu’absence.
Nous ressortons de cette oeuvre dans laquelle nous étions immergée en pensant finalement : « il y avait bien de la profondeur dans cette exposition. »
Critique écrite par Maude Gallais et Anaïs Desvallées AS1
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire