Critique de l’oeuvre « Venise », Lorenzo Mattotti, 2008, 41x31cm, Galerie Martel à Paris
L’oeuvre présentée est un dessin de l’artiste réalisé en 2008 et indépendant de ses travaux d'illustration de bande dessinée. Elle fait partie de l’exposition sur Venise intitulée « En creusant sous l’eau » que l’on retrouve à la Galerie Martel à Paris. Cette exposition permet de dévoiler au public une facette peu connue de l’art de Mattotti, mais aussi de mettre en avant le regard de l’artiste sur l’Italie et plus particulièrement sur la ville de Venise.
Réalisée avec de l’encre de couleur, ce dessin représente simplement une ruelle traversée par un canal d’eau. Le spectateur semble être placé sur une plateforme ou une sorte de pont qui fait le lien entre la rive de gauche et celle de droite. La représentation de l’architecture reste assez simple, le détail importe peu ici. On distingue des escaliers de part et d’autre de la plateforme (du pont) qui mènent tous deux vers ce qui semble être une maison à gauche et un tunnel à droite. L’usage de la couleur donne de la profondeur et du relief, les planchers très blancs rendent compte de cela. De plus, le canal de couleur assez sombre semble s’étendre à perte de vue. La perspective est en ce sens quelque peu faussée. De par sa touche, le travail de l’artiste me rappelle celui du peintre américain Edward Hopper, que j’affectionne tout particulièrement. Un certain calme règne dans ce paysage à la fois urbain et rural. Urbain avec cette rambarde de fer qui soutient l’escalier à droite et rurale avec ce point d’eau, sujet presque centrale de la composition, et aussi parce qu’on devine de la verdure sur le mur à gauche, les briques et les pierres des façades aussi contribuent à ce naturel. On en vient presque à se demander où l’on se trouve.
L’artiste peint ici une facette de Venise qui n’est pas forcément celle à laquelle on pense à l’évocation de cette ville. Ayant moi même visité Venise il m’est difficile de vraiment l’identifier dans cette peinture, tant on pourrait retrouver ce type de paysage dans d’autres villes dites « atypiques ». Le peintre cherche peut-être justement à nous déstabiliser en nous donnant à voir une fragilité et une originalité de la ville de son enfance. S’éloignant des images des cartes postales dans lesquelles on ne voit que la place Saint-Marc et les gondoles, Mattotti fait preuve de sincérité, et nous amène à reconsidérer notre vision de cette ville. Cependant, certains pourront se demander si sa représentation n’est pas un peu illusoire et utopique. En effet, cette ville qui est extrêmement touristique est ici dénuée de toute figures humaines, de touristes, d’habitants et ce, dans presque toutes ses peintures composant l’exposition. Est-ce l’expression d’une certaine nostalgie et d’un regret pour la Venise d’autrefois? Dans tous les cas, ce travail introspectif et personnel du graphiste mérite d’être souligné et salué, tant il s’éloigne de ce qu’il produit à son habitude. Pour ma part, ce côté rêveur et paisible que je retrouve dans son illustration pour l’album du compositeur René Aubry, Plaisirs d’Amour, est loin de me déplaire. On a tous besoin d’un havre de paix qu’il soit materiel ou immatériel, réel ou imaginaire.
-Sara Proffit AS1.
-Sara Proffit AS1.
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