C’est en entrant dans une grande pièce de l’exposition « Debout » de François Pinault au couvant des jacobins de Rennes que je découvris cette oeuvre. Un petit garçon à l’allure innocente, agenouillé, semblant prier. Il est reclus à un coin de cette grande salle, seul. Son regard n’a aucune perspective, car tout ce qui s’offre devant son visage est un mur vierge et livide. Intrigué c’est la première oeuvre de la salle que je souhaite découvrir, car je suis directement curieuse de dévoiler le visage qui se cache derrière cette figure si innocente. C’est alors qu’une vision d’horreur me parcours… Cette innocence cachait en fait un véritable tyran, car c’est un visage connu et détesté de tous qui apparait, celui d’un des plus abjects dictateurs de l’histoire, Adolf Hitler. La sculpture hyper-réaliste trace les traits de son visages au détail près, d’un visage qui pourrait presque se réveiller d’un moment à un autre. Mais même immobile il ramène en nous les souvenirs les plus terribles que nous avons vu sur nos bancs d’école, où sur les documentaires traitants de la Deuxième Guerre Mondiale, des millions de personnes qu’il a affamés, humiliés, exploités, assassinés, de cette invitation à la haine qu’il a transmis dans l’Europe.
On pense d’abord que derrière tout tyran il y a eu une figure d’abord naïve, un enfant, mais cette oeuvre nous apprend aussi que derrière quelques figures d’abord innocentes se cachent des monstres. « L’habit ne fait pas le moine ». Le mal peut se cacher partout et il faut en prêter attention.
Au delà de tout ces questionnements qui ont déjà été de multiples fois discutés, cette sculpture me rappelle immédiatement le roman d’Éric Emmanuel Schmitt « La part de l’autre », qui narre en parallèle une biographie et une uchronie de la vie d’Hitler. Il débute cette double histoire avec son acceptation ou non aux Beaux-Arts, car Hitler avant de s’intéresser à la politique, aspirait à devenir artiste. Dans le cas de son acceptation aux Beaux-Arts, Éric Emmanuel Schmitt imagine une rencontre entre Hitler et le psychanalyste Freud, qui l’aurait soigner de ses maux, car la névrose, voire psychose, est inévitable lorsque l’on devient un tyran tel qu’Hitler.
Je met alors un parallèle entre ses deux oeuvres. Hitler, enfant, avait encore possibilités, et malgré les traces que peuvent laisser les traumatismes liés à l’enfance, de devenir quelqu’un d’autres, et de faire les bons choix. C’est peut-être d’ailleurs ce que représente ce mur blanc si prêt de son visage, tel une page blanche où rien est encore écrit, ni déterminé. Mais son visage nous prouve que les actes sont déjà commis, et que l’histoire en a laissé des traces indélébiles, encore ancrées, et à jamais dans nos mémoires.
Lise Gilois, MCA1
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