Serrano, après les récurrentes contestations face à son "Piss Christ", nous envoie dans un environnement tout autant déstabilisant : la morgue.
En effet, le photographe propose une série de clichés nous montrant des corps gisants. Il ne montre pas le lieu où les personnes sont décédées, mais là où elles atterrissent à la fin, sur leur lit de mort. Tantôt paisibles, tantôt effroyables, ces photos ne nous laissent en aucun cas neutre. Les corps ne sont jamais faciles à regarder. Serrano nous montre à la fois la condition humaine dont on ne peut s'échapper (Memento Mori), la violence des rapports humains, la tragédie de certaines vies. Nous sommes face à la mort, plus près que nous ne l'avons jamais été. Il jongle entre la beauté et l'horreur. Devant les corps de personnes âgées, on se rappellera que nous ne sommes là que pour une durée déterminée, devant les corps d'enfants nous crierons à l'injustice, devant les corps de femmes battues nous jugerons les coupables, devant les accidentés de la route nous ferons campagne contre l'insécurité, devant les corps brûlés, tailladés, découpés nous détournerons les yeux.
Son oeuvre est dédiée aux vivants, ceux à qui la mort fait peur. Elle choque, et justement, pourquoi nous choque-t-elle? La force de ces photographies est de nous remettre à notre place, dans notre condition. Si elles sont parfois difficiles à soutenir, la réalité n'en est pas moins là.
Aline Dusart AS3
dimanche 29 janvier 2012
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